Les 18 et 19 janvier 2020, j’ai animé 4 cérémonies du thé à Vannes, dans le cadre de l’exposition « Le Souffle du Printemps » organisée par l’Association franco-chinoise du Morbihan (http://www.afc56.asso.fr).
Les participants ont été enthousiastes d’avoir l’occasion de découvrir cet aspect de la culture chinoise et de déguster des thés de qualité.
Je leur ai préparé plusieurs types de thés et leur ai notamment fait comparer du thé rouge (Zhengshan Xiaozhong sauvage des monts Wuyi) et du thé noir (pu’er fermenté provenant de théiers millénaires de la région du Yunnan), qui sont souvent confondus en Occident.
Pour ma part, j’ai apprécié de pouvoir diffuser cette activité hors de Rennes, et il y aura sûrement d’autres occasions au sein de cette association à l’avenir.
Le 10 février, s’est tenu à l’ENSAI le data challenge avec Yves Rocher : douze heures consécutives durant lesquelles les étudiants devaient rester concentrés et se montrer compétitifs. Afin qu’ils puissent se détendre et améliorer leurs capacités et leur efficacité, l’école m’a demandé d’animer une séance de Qigong au milieu de cette journée intense. J’ai donc proposé aux étudiants de pratiquer le Qigong debout taoïste 八段锦 (bāduǎnjǐn, les Huit pièces de brocart) ; ils ont beaucoup apprécié ce moment de calme et de détente.
En Chine, le thé blanc n’est produit que dans une seule province, le Fujian ; c’est plus précisément dans la région située autour de la ville de Fuding qu’est produite la plus grande partie de ce thé.
Je me suis donc rendue près de Fuding, à la ferme Lü Xue Ya, qui cultive les théiers de manière biologique. Cette ferme a été fondée en 2000 par un couple, M. Lin Youxi et Mme Shi Lijun. Auparavant, Mme Shi travaillait dans une ferme d’Etat ; lorsque cette dernière a fermé, Mme Shi a pu obtenir des champs de thé, mais le commerce n’était pas développé. Elle est allée à Pékin pour créer une boutique, et cela a fonctionné. Son mari travaillait pendant ce temps sur la qualité des thés.
Rédigez la légende…
Leur objectif était de faire connaître le thé blanc au grand public ; pour cela, ils ont établi des standards de qualité et ont commencé à compacter le thé blanc, comme le thé pu’er, ce qui permet au thé de prendre de la valeur.
Lors de ce séjour à la ferme Lü Xue Ya, j’ai pu préparer une partie du voyage autour du thé que je vais organiser en avril prochain. Ce lieu m’a plu pour différentes raisons : la façon de cultiver les théiers, entièrement biologique, l’importance qu’accordent les propriétaires à la qualité, ainsi que l’environnement : de superbes paysages juste en face de la montagne Taimu, classée au Patrimoine mondial de l’Unesco.
Situés dans le nord de la province du Fujian, les monts Wuyi, dont le plus sommet s’élève à plus de 2 000 mètres, sont classés au Patrimoine mondial de l’Unesco pour la nature et la culture. Ils sont particulièrement célèbres pour les des deux types de thés qui y sont produits, un thé rouge et un thé de roche (wulong). Depuis les dynasties Tang et Song, cette montagne, qui était seulement taoïste, est devenue également confucianiste et bouddhiste.
Cet été, j’ai passé quelques jours à Wuyishan, dans la ferme de thé Zhengshan Tang, qui a créé le premier thé rouge (Zhengshan Xiaozhong) il y a 400 ans. Les feuilles de ce thé sont d’abord séchées au bois de pin, puis roulées et oxydées (l’oxydation est plus longue que pour les autres thés rouges), et de nouveau séchées dans des paniers en bambou placés au-dessus d’un feu d’épicéa ou de cyprès. Les théiers servant à la production de Zhengshan Xiaozhong sont cultivés exclusivement dans les villages de Tongmu, qui forment une zone naturelle protégée où se trouve encore une forêt primaire.
La famille Jiang, propriétaire de cette ferme, a également créé un autre thé rouge, le Jin Jun Mei, en 2005 ; il s’agit d’un grand cru produit uniquement avec les premiers bourgeons de l’année. Avant la création du prestigieux Jin Jun Mei, il n’existait pas de thé rouge de si grande qualité.
L’autre type de thé célèbre des monts Wuyi est le thé de roche : les montagnes forment un environnement propice à la culture du thé, et les roches présentes dans la terre confèrent au thé une minéralité unique.
Je me suis rendue dans cette ferme afin de préparer le voyage autour du thé qui aura lieu en avril 2020 avec 7 Français. J’ai prévu deux jours de formation, un pour le thé rouge (Zhengshan Xiaozhong) et un pour le thé wulong (de roche).
Pour le Zhengshan Xiaozhong, la visite du bâtiment (青楼) où a été créé le premier thé rouge, est prévue ; pour le thé de roche, nous nous rendrons dans le village de Xing afin de participer au processus de fabrication. Avant ces étapes, nous pourrons également participer à la cueillette des différents thés.
Durant mon séjour cet été, j’ai pu profiter de la maison de thé d’une filiale de Zhengshan Tang, Jun Hong, pour la préparation et la dégustation de nombreux grands crus.
Les Chinois ont l’habitude de pratiquer le Taiji et le Qigong très tôt le matin, au lever du soleil, afin de bénéficier de l’énergie Yang ; cet été, j’ai suivi chaque matin cette tradition et ai pratiqué dans une montagne d’où l’on a une vue magnifique sur les paysages et la mer de nuages souvent présente.
D’autres personnes pratiquaient régulièrement dans ce lieu différents styles de Taiji (Yang, Chen…). Au début, je pratiquais seule dans un lieu assez discret, mais au bout de quelques jours, des pratiquants sont venus me voir, intrigués par les enchaînements que je faisais. Je leur ai expliqué qu’il s’agissait du Taiji et Qigong des monts Wudang. Ils se sont montrés très intéressés et ont voulu que je leur enseigne ces mouvements. Je me suis rendue compte que certains d’entre eux, malgré plusieurs années de pratique, n’étaient toujours pas capables d’atteindre un état suffisant de relaxation (松沉sōngchén) : je leur ai dit que, pour être suffisamment détendu, il était nécessaire d’acquérir des bases solides, qui ne sont pas systématiquement enseignées, même en Chine.
Ils ont tous voulu travailler ces bases avec moi, et nous avons fait des étirements, des séries de coups de pied, des mouvements pour améliorer la souplesse…
Après cela, je leur ai appris le Qigong des 5 animaux des monts Wudang, qui permet de travailler le Qi 气 (l’énergie vitale). Je leur ai expliqué que tous les mouvements de Taiji ou de Qigong devaient être guidés par le Yi 意(l’intention) ; sans cette « intention », le Qi 气 ne peut pas circuler, et les mouvements ne sont plus qu’une simple gymnastique. Au bout de quelques jours, les pratiquants ont compris ce principe du Yi 意 et ont senti qu’ils avaient franchi un palier dans leur pratique. Au moment de mon départ, certains m’ont dit qu’ils m’attendaient l’année prochaine afin de continuer leur apprentissage…
En avril2019, je me suis rendue dans le Yunnan, une province du sud-ouest de la Chine, plus précisément dans le Xishuangbanna, à la frontière de la Birmanie et du Laos. J’étais accompagnée d’une élève de mon cours de Taiji et grande habituée de mon atelier d’initiation à la cérémonie du thé : nous voulions enfindécouvrir les fameux théiers millénaires de la montagne Jingmai...
Situé tout près de la Birmanie, ce lieu abrite plus de 1800 hectares de théiers, cultivés depuis près de 1400 ans !
Nous avons séjourné dans la ferme familiale Changbao (长宝茶厂, chángbǎocháchǎng), qui produit du thé depuis trois générations.
Le premier jour a été consacré à la cueillette du thé : il a fallu grimper dans des arbres pouvant atteindre plus de 10 mètres… La cueillette demande beaucoup d’équilibre et de concentration ; tout le monde est à la fois calme et concentré…
Le deuxième jour, nous avons participé au processus de fabrication du thé Pu’er non fermenté (生普) : flétrissage, séchage au wok, roulage, et enfin séchage à l’air libre au soleil.
L’odeur du thé qui se diffuse alors dans tout l’atelier est très agréable, tout comme la chaleur qui se dégage du wok chauffé au bois comme le veut la tradition.
Certains gestes lors du roulage ressemblent étrangement à certains mouvements du Taiji : un hasard ?
La troisième journée a été entièrement consacrée au tri des feuilles : on élimine les feuilles qui présentent le moindre défaut. Selon les propriétaires, c’est la phase la moins intéressante du travail car les gestes sont répétitifs – quant à nous, nous avons beaucoup apprécié cette activité plutôt relaxante.
Chaque jour, nous avons pu déguster les différents thés produits dans cette ferme : thé blanc, thé rouge, thés pu’er (fermenté et non fermenté).
La cuisine locale – nous mangions à la ferme – nous a frappé par les saveurs très diverses alors qu’il s’agissait uniquement de produits locaux et de saison.
Nous avons été vraiment enthousiasmées par ce séjour, par l’accueil chaleureux et la simplicité des propriétaires, à quoi s’est ajoutée la beauté des paysages, notamment la mer de nuages qui se forme régulièrement juste devant la ferme et la végétation tropicale luxuriante : presqu’une autre Chine !
La dernière séance de Gongfucha (cérémonie du thé chinoise) s’est déroulée traditionnellement en plein air, au parc des Gayeulles, le 1er juin 2019. A la différence de l’an dernier, où il y avait quatre stands de thé, je me suis volontairement limitée cette année à un seul stand de huit personnes, auxquelles j’ai fait découvrir quatre types de thés.
La dégustation a commencé par la comparaison de trois thés verts provenant de la province du Zhejiang : un « Báiyún xiān lǜ » (白云仙绿), un « Xiānggū liáo » (香菇寮), et un « Puits du dragon du Lac de l’Ouest » (西湖龙井, Xīhú Lóngjǐng) ; les participants ont pu apprécier la couleur vive des feuilles et la fraîcheur de l’infusion qui correspondaient bien à cette première journée annonciatrice de l’été avec ses 29 degrés.
Après ces trois thés verts, nous sommes ensuite passés à quatre autres thés produits dans la province du Yunnan et tous issus de théiers millénaires :
Le thé blanc « Yuèguāngbái » (月光白), au léger parfum de rose, et le thé rouge « Yúnnán gǔshù hóngchá » (云南古树红茶), au goût très rond, ont séduit les participants par leur douceur.
Pour terminer, j’ai préparé deux thés pǔ’ěr (thés noirs) issus de la montagne Jingmai, un pu’er « cru » (c’est à dire non fermenté) et un pu’er « cuit » (fermenté), ce qui nous a également permis une comparaison intéressante entre ces deux thés issus d’un même arbre mais manufacturés différemment.
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